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Radio Free Territory

dantec
Hop ! Il pleut ce qui signifie qu'il est plus que temps de faire mon petit compte rendu de lecture de Grande Jonction, le nouveau roman de Maurice G. Dantec.

Voilà le résumé piqué sur un site de vente en ligne, cela m'évitera d'en composer un :

2070. 12 ans après la destruction de la Métastructure qui, si elle a pacifié le monde, est parvenue à complètement machiniser l'Homme. Une seconde mutation est en cours : quelque chose se sert du néant laissé par la Métastrucuture pour le détruire. Elle le tue en attaquant le langage. En le ramenant à son degré zéro, en le convertissant en langage numérique, à une suite binaire de 0-1. L'Homme risque de mourir comme une machine, c'est le piège ultime de la technique. Seul espoir, l'attente d'une cargaison de livres. Une bibliothèque entière qui bien sûr est extrêmement menacée…


Comme je le disais, j'ai cessé de lire Dantec peu après le Théâtre des opérations. Je ne parvenais plus à le suivre dans les terrains et les formes qu'il travaillait. J'ai donc laissé passer ces deux romans, pour embrayer sur celui-ci, qui m'a grandement réconcilié avec le bonhomme.
Tout d'abord il n'y a plus les scories qui nuisaient tant à ma lecture (les pages incompréhensibles où Dantec semblait rendre compte de ses dernières lectures en philo ou alors le travail sur le style un peu trop voyant pour moi.) Au contraire, les digressions philosophiques, religieuses sont intégrées au récit et le font progresser. Le style est très dynamique, prévilégiant la répétition et l'anaphore, les ruptures de rythme afin de créer une voix très personnelle.
Dans ce futur apocalyptique, le livre va être la seule arme de destruction massive afin de sauver l'humanité de la dévolution qui l'attaque. Bien entendu, le Livre est celui qui apportera les clés nécessaires... avec l'aide de ce bon vieux rock'n roll !
Livre chrétien rock, Grande Jonction est un voyage qui demande beaucoup de son lecteur et le lui rend bien. On retrouve les obsessions de Dantec (les armes à feu, la métaphore du camp de concentration, les relations de l'homme au monde). On peut lui reprocher une certaine longueur qui dilue par moment un peu trop l'intrigue, négligeant peut-être certains points importants et reprenant inutilement les mêmes idées.
Mais on ne peut que s'incliner devant l'ampleur du souffle, la pertinence de la structure et l'intégrité du bonhomme. Je suis curieux de voir sur quels points on va l'attaquer maintenant. J'espère qu'il ne fera pas le prosélytique lors de sa tournée promo, cela gâcherait tout !
Certainement pas le chef-d'oeuvre absolu qui bouleversera à jamais votre conception du monde mais probablement quelques-unes des plus belles pages lues depuis longtemps.
Dantec explore une certaine modernité: livre de pure SF publié dans une collection généraliste, Grande Jonction peut être vu comme une belle réponse à la Trilogie Divine de Philip K. Dick. Il y a pire comme référence.

En accompagnement sonore, Johnny Cash, forcément.

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